lundi 4 octobre 2010

On the road (by Remy)



Alors que je sortais de la ville (Oamaru), je brandis mon pouce pour la première fois. A ce même instant, une petite voiture bordeaux me klaxonne et s'arrète à quelques mètres devant moi. Magique ! Annie me sourit tout en se présentant et je jette mes affaires dans son coffre. « Je ne vais pas loin mais ça t'avancera » me lance-t-elle. Je descends effectivement un peu plus loin après qu'elle m'ait donné sa carte au cas où je reviendrais le coin.
Je commence à marcher le long de la route bordée de champs dans lesquels broutent des moutons qui s'éloignent à mon approche.




Au bout d'une bonne heure de marche dans le vent, c'est Sharon qui s'arrête. Je balance mes affaires sur le siège arrière et coup de chance, elle va elle-aussi à Dunedine. Nous avalons les kilomètres en une petite heure et elle me dépose dans le centre ville. Nous discutons tout le long de la route.
Un truc qui m'a marqué : sa grand-mère a voyagé, à l'age de 80 ans, sac au dos en Europe. Belle perf Mamie !
Je prends un lit en dortoire dans une auberge et pars découvrir la ville.
Le lendemain, c'est visite du musée où j'apprends des tas de trucs sur les civilisations du pacifique, la faune, la flore, les dinosaures, la tectonique des plaques... Comme l'après-midi est ensoleillé, je me lance à l'assault de la péninsule d'Otago sur le VTT que me prète le vendeur de la boutique d'articles des All Black.
J'en reviendrais à la nuit tombée après avoir parcouru plus de 60 km et vu des mouettes et des drôles d'oiseaux. Pas de pinguouins pour moi mais une sacrée ballade en bord de mer.






Le lendemain matin (je préfère faire du stop tôt dans la journée pour augmenter mes chances) , je me poste à la sortie de la ville, sous un soleil dominical avec mon plus beau sourire, et je « fais du pouce ».



Je récolte plein de signes et de sourires encourageants mais on ne se bouscule pas pour ramasser le frenchi. C'est au bout d'un bon moment qu'une voiture s'arrête et je monte aux côtés de Kerry. Je lui explique mon périple et au bout de 2 minutes, il me propose de venir passer l'après-midi et la soirée chez lui. Il bosse en tant qu'avocat dans une ville un peu avant le parc national des Catlins et il m'y déposera le lendemain avant d'aller au boulot.
Nous passons donc l'après-midi installés dans son jardin à vider une dizaine de bières chacun !! Ah oui, sa famille a des origines Irelandaises. Nous approfondissons tout plein de sujets en passant du rubgy (un sujet difficile surtout en temps que français( cf : les dernières coupes du monde)) à la politique Néo-Zélandaise en l'élevage de moutons. Il nous prépare pour le dîner un morceau de boeuf qu'un client lui a donné comme règlement d'une facture puis nous regardons tranquillement la télé avant de nous coucher.
Sur le chemin du boulot, il passe un coup de fil pour prévenir de son retard et me dépose à Owaka.

J'ai passé un moment simple et spontané avec Kerry et je pense que je lui ai changé un peu son quotidien routinier. C'était un plaisir .

Peu avant qu'il me dépose à Owaka


Il est 9 heures du matin quand je me lance de nouveau sur la route après cette tranche de vie Néo-Z.
Je suis maintenant dans le parc national des Catlins et je m'enfonce de plus en plus vers le « rien » ou en tout cas, vers le pas grand chose à part la nature. Les dames du tourist center rigolent quand je leur dis que je fais du stop vers le sud. L'une d'elles me dit : "je te prendrais quand je passerais... ce soir."
En effet, il n'y pas foule, en une heure, je croise 3 tracteurs et à peine une dizaine de voitures qui ne s'arrêtent pas. Cela n'entame en rien mon entrain, il est tôt et je marche entouré par la nature qui s'offre à moi. Des moutons broutent sur un terrain de rugby (là je ne peux pas me planter, je suis bien en NZ), un veau beugle sur le haut d'une colline, j'observe un cygne noir s'envoler d'un étang !
La route serpente entre les collines et les mouettes qui volent au-dessus de moi m'indiquent que l'océan est tout proche.
Ca fait plusieurs kilomètres que je marche (je ne peux pas dire combien car il n'y a pas, comme chez nous, de bornes sur le bord de la route) quand un 4x4 blanc s'arrête devant moi.
« Où vas-tu comme ça, ya rien à des kilomètres ! » me lance le gars au volant. Montes ! Je m'exécute et fais la connnaissance d'Henare, un Maori d'une soixantaine d'année, habillé d'une veste à franges genre cow-boy, boots (Santiags) et avoisinant les 100 kilos.
« Henare ?? c'est pas très Maori ça ! » Il me prononce alors son vrai prénom et je comprends l'utilité de son nom d'emprunt. Les Maoris portent les noms de tous les ancètres, ça fait vite long et c'est pas évident à prononcer.
On discute, je lui raconte mon voyage en stop et il sourit en me disant qu'il adore ce que je fais. Il se rend chez des amis qui habitent une ferme dans les collines. La tempète de la semaine passée a fait beaucoup de dégats et beaucoup d'agneaux n'ont pas survécus au vent glacial. Henare veut aller proposer son aide à ses amis.
-« Tu viens avec moi, ils sont musiciens en plus d'être fermiers. On va jouer un peu et je te déposerais dans la prochaine ville après ! »
-Ok ! En route pour les collines.
Je passe l'après-midi à jouer de la gratte, discuter musique, élevage et écouter les histoires d'Henare qui est intarrissable. En fin de journée, je saute dans le 4x4 et nous filons à travers les collines qui surplombent l'océan.
-« Veux-tu passer la nuit chez moi ? me propose Henare, on jouera de la guitare ? »
-« Vendu ! »
Nous arrivons dans une maison pré-fabriquée adosée à une usine. Henare gère plusieurs business dont une usine qui fait de l'électricité qu'il revend directement à l'état. Nous nous installons à une table dans un salon bureau cuisine qui n'a pas vu un coup de ménage depuis bien longtemps. Henare passe beaucoup de temps dans ce coin du pays alors que sa famille vit du côté de Dunedine.
Il commence alors à me parler de lui : vétéran du Viet Nam dans les forces spéciales, il a ensuite joué dans des groupes de reggae, de blues à Hawaï aux USA et un peu partout dans le monde avant de commencer ses affaires pour « laisser quelque chose à ses enfants ». Ses origines Maori sont très importantes pour lui et il m'explique plein de choses sur la culture et la vie dans le bush de l'île du nord d'où il est natif.
Il m'emmène ensuite faire un tour dans une autre pièce où il y a assez de matos pour un concert de U2 ! Des amplis, des micros, un clavier, une batterie et des guitares dans tous les sens !!
Il me prète sa Martin et nous commençons à jouer.
Ce n'est qu'à 2 heures du matin que nous irons nous coucher après nous être ennivrer à la musique. J'ai eu droit à des morceaux de choix joués par un amoureux de la musique.
Au matin, nous sommes allés prende un café en ville puis il m'a déposé sur la route de Te Anau, mon nouvel objectif.

Henare
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La route longe une nouvelle fois des collines couvertes de moutons. Je marche longtemps avant que la première voiture ne s'arrète et c'est Robin qui achète de la laine et l'exporte en Angleterre qui me dépose dans la ville suivante. Je reprends ma marche le long de la route alors que le vent forcit. Il y a peu de voitures qui passent et je n'ai pas trop de succès. Je suis encore à 120 bornes de Te Anau et il n'y a que 2 villages entre. Autant dire que la région n'est très peuplée !




J'arrive finalement à Te Anau en fin de journée après avoir bien marché et surtout grâce à Graham et notamment Haydn qui me dépose devant le Front Lake Backpacker.





Je passe la soirée avec Simon et Garrit, deux allemands d'une vingtaine d'années, a échangé nos histoires de voyageurs.
Le matin suivant, je discute avec la fille de la réception et elle parle d'une croisière d'un jour et une nuit à bord d'un bateau sur un fjord (ou plutôt un sound. Tout dépend de la manière dont ils ont été façonné il y a quelques million d'années de ça).
Je suis emballé, d'autant qu'il s'agit de Doubtful Sound, celui que Henare m'avait conseillé parce qu'il était moins visité. Le plus connu et prisé des randonneurs est Milford Sound (un peu plus au Nord).
Je passe un moment au plus profond de la nature à naviguer sur les eaux profondes et sombres de ce fjord mystique et intriguant.

Doubtful Sound...




Embouchure du Fjord, mer de Tasman. En 1770, le capitain Cook (encore lui !!) avait hésité à pénétrer dans ce couloir étroit puis avait finalement passé son chemin sans s'y aventurer. Il avait passé un long moment derrière les récifs (Cf photo ci dessous) mesurant ses chances de pouvoir manoeuvrer son navire à l'intérieur du fjord. Voilà d'où vient le nom de Doubtful.














L'étape suivante de mon périple est Queenstown. Je veux remonter vers le Nord en longeant la côte Ouest et Queenstown est à 190 km de Te Anau, une distance convenable à parcourir en stop.
John, les 3 Taïwanais et Lee m'y conduiront.

Route entre Te Anau et Queenstown




Mon intention est de passer une soirée à Queenstown et de poursuivre la route le matin suivant. Au petit déjeuner, je parle à une canadienne qui va snowboarder le lendemain; c'est le dernier jour de la saison à Cardrona. En entendant ça, je change immédiatement mon plan et je file louer tout le matos.

Après avoir loué mon équipement, je pars me promener sur Queenstown Hill



Fin d'après-midi, avant d'aller boire des coups





Le lendemain, je passe une journée sur les pistes comme chacun rêve de passer !!





Vue de Queenstown depuis les pistes


Je quitterais ensuite Queenstown pour Christchurch, dommage pour la côte Ouest, je serais obligé de revenir plus tard. Le 7 octobre approche et je veux absolument retrouver Aurélie pour son anniversaire. Retrouvailles prévues à Nelson.

Comme je le pensais, la route réserve des surprises et elle me l'a prouvé.

Ces derniers temps, on me demande souvent quel est le pays que j'ai préféré. Sans hésiter, je réponds : la Nouvelle Zélande !

Et ça, C'est cadeau !! ( Quelque part entre Queenstown et Christchurch)